Par Gérard Sick
Description
Description d'un exemplaire (N°
d'herbier SG 01100201) faisant partie d'une récolte de 3 spécimens par Paul
HERTZOG. Les deux autres exemplaires sont identiques au plan macroscopique et
au plan microscopique. Un des exemplaires présente un pied comprimé latéralement.
Les dimensions, lodeur et la teinte de la cuticule ont été appréciées sur le
frais. Les cystides et spores ont été mesurées sur exsiccatum âgé de 2 mois,
après regonflement dans lammoniaque. Les spores ont été prélevées au sommet
du pied. Les dessins ont été réalisés avec un tube à dessiner.
Photo © G. Sick (SMS)
Chapeau :
Plan-convexe, mamelon bas et obtus, marge infléchie. Diamètre 40 mm, hauteur
avec les lames 8 mm. Epaisseur de la chair à mi rayon 1,5 mm. Surface finement
fibrilleuse, non rimeuse, formant par rayon une demi-douzaine de chinures étroites
ou de petites écailles apprimées dépassant rarement 2 mm. Ecailles brun châtain
S49, peu différenciées sur un fond généralement à peine plus clair mais pouvant
aller ponctuellement jusqu'à brun pâle M53 au maximum. Teinte moyenne uniforme
entre le centre du chapeau et la marge.
Lames :
Profil sinueux du fait de la marge infléchie. Insertion variant de "arrondie
au pied" à émarginée. Largeur maximale 4 mm. Gris très clair sans trace
de brun, plus clair que K73.
Pied :
Droit, cylindrique, plein. Base avec un bulbe net mais non marginé, aplati à
la partie inférieure. Hauteur totale du spécimen 33 mm, longueur totale du pied
à l'insertion des lames : 28 mm, diamètre : 9 mm pour le tronc, 14
mm pour le bulbe.
Tronc d'apparence striée par des
fibrilles blanches parallèles sur toute la longueur, laissant transparaître
un fond rougeâtre. Sous l'effet d'une pression légère, les fibrilles ne sont
plus visibles et laissent apparaître entièrement la surface du pied, brun rougeâtre
vers M37.
Bulbe presque blanc du fait des fibrilles plus denses.
Chair :
Blanche dans le chapeau et la moitié inférieure du pied, à peine plus colorée
dans la moitié supérieure du pied. Cortex du pied concolore à la surface du
pied sur toute sa longueur. Odeur faible, sans caractère particulier. Goût non
testé.
Spores :
Brunes sous le microscope, sporée non recueillie. Profil léiosporé amygdaliforme
mais le sommet, relativement variable, n'est ni nettement ogival ni nettement
arrondi comme c'est le cas respectivement chez I. nitidiuscula et geophylla.
Dimensions 7,5 - 9 X 4 - 5,5 µ, Q 1,5 à 2; moyenne : 8,2 X 4,8 µ, Q = 1,7. Basides
tétrasporiques.
Cheilocystides :
Leur profil varie entre des articles identiques aux pleurocystides et des articles
subglobuleux à paroi mince, de diamètre 20µ.
Pleurocystides :
Profil fusiforme pour la plupart, rarement subcylindrique ou clavé. Paroi dépaisseur
1 µ au plus large de la cystide, même épaisseur au sommet. Incolore à faiblement
jaunâtre dans l'ammoniaque. Dimensions 46 - 65 X 12 - 15 µ. Q = 3,8.
Caulocystides :
Au sommet du pied, elles sont abondantes et semblables aux pleurocystides, mêlées
à quelques paracystides. Vers la base, elles sont progressivement déformées
et mêlées à des paracystides de plus en plus nombreuses. Quelques caulocystides
typiques sont encore présentes au-dessus du bulbe.
L'examen microscopique sur exsiccata n'a pas permis d'isoler avec certitude
les fibrilles recouvrant le pied. Ce pourraient être des hyphes d'épaisseur
3 à 6 µ, de longueur supérieure à 50 µ, incolores et sans paroi visible.
Station :
Frasne, Doubs, altitude 850m. MER 3425C31. Parking du circuit touristique de
la tourbière, en bordure de forêt. Le biotope na pas été relevé. Le sol
est vraisemblablement aménagé avec un apport extérieur.
Remarque sur la description du pied :
Elle semble comporter une contradiction : un pied recouvert de fibrilles sur
toute sa longueur et entièrement caulocystidié. Normalement les deux caractéristiques
sont incompatibles, au point que dans bien des clés l'item sur la présence de
caulocystides se contente dune vérification à la loupe, ce qui suffit
effectivement dans la plupart des cas. Dans le cas de la récolte, la surface
du pied est voilée par les fibrilles et aucun poudrage nest visible. Une
détermination qui chercherait dans les espèces sans caulocystides serait mal
engagée mais pour en arriver là, il faudrait négliger une partie des investigations
au microscope. Des indices peuvent cependant remettre sur la voie un mycologue
téméraire :
- lorsque le pied est entièrement et nettement recouvert de fibrilles sur toute
sa longueur, ces fibrilles sont le plus souvent colorées, ne sont pas rigoureusement
parallèles mais présentent un aspect velouté ou laineux (I. dulcamara, lacera
ou lanuginosa par exemple), et leur aspect varie peu sous la pression du doigt.
- les chapeaux de la récolte étaient presque entièrement recouverts de terre,
ils ont été nettoyés pour la description.
Paul HERTZOG a noté "3 exemplaires sub-connés, très enterrés, seuls les chapeaux dépassaient de la surface du sol". Les mots nécessaires et suffisants.
Hypothèse : les fibrilles recouvrant le pied sont le vestige d'un voile universel particulièrement important du fait du développement inhabituel (semi enfoui) de la récolte. Elles ne sont pas un reste de cortine et ne font pas partie du revêtement du pied, elles lui sont superposées. Le champignon est très frais, les fibrilles ont retenu une certaine humidité qui les a gonflé artificiellement, le fait d'exercer une pression chasse cette humidité et les ramène à leur diamètre réel, rendant ainsi la surface du pied entièrement visible. En conséquent, la détermination s'est faite sans tenir compte des fibrilles caulinaires.
Un article détaillé à paraître dans le bulletin n° 91 (mai 2004) ...