La difficulté de la détermination des champignons tient pour une large part à leur polymorphisme: un même champignon va pouvoir se présenter sous un aspect très différent selon les conditions météorologiques et selon son âge. Russula lepida par exemple est normalement d’un rouge vif, mais par temps sec elle pourra être totalement blanche, de nombreuses Russules peuvent avoir des colorations très variées, passant du vert au violet
La forme du chapeau change également avec l’âge, d'abord convexe,
il va s’étaler, puis devenir creusé.
D’autre part, des espèces différentes peuvent se ressembler au premier abord,
et ne différer que par des détails (macroscopiques ou même microscopiques) non
perceptibles d’emblée ou pour une personne non avisée.
Il faut donc savoir quoi observer pour pouvoir identifier un champignon, et
connaître le vocabulaire utilisé.
Les caractères à observer chez les champignons se situent dans différents domaines : morphologiques, organoleptiques, écologiques, et parfois microscopiques et chimiques (macrochimiques ou microchimiques).
Caractères morphologiquesAspect général d’un champignon à lames
Différentes formes du chapeau
convexe | campanulé | conique | mamelonné | infundibuliforme | ombiliqué |
Convexe: De forme arrondie
Ex: Bolets - Hygrophore du hêtre (Hygrophorus fagi)
Mince : Se dit d'un chapeau dont la chair est moins large que les lamelles
Ex : les mycènes, mycène pur (Mycena pura)
Campanulé: En forme de cloche. Pour être plus plus précis:
parabolique, obtusément convexe
Ex: panéolus
Conique: Qui forme un cône
Ex : Inocybe rimeux (Inocybe rimosa)
Mamelonné: Qui présente une saillie arrondie au centre du
chapeau plus pu moins grande pouvant rappeler un mamelon.
Ex: Lépiotes, marasme des oréades (marasmius oreades)
Excentré: Qui ne pousse pas au centre, et présente une dissymétrie
par rapport à l'axe central du champignon
Ex: pleurotes, hydne imbriqué (Sarcodon imbricatum)
Latéral: Qui pousse sur le côté
Ex : Langue de buf (Fistulina hepatica)
Infundibuliforme: En forme d'entonnoir. Les lames sont souvent décurrentes
Ex: Clitocybes, clitocybe couleur d'olive mûre (clitocybe pausiaca)
Marge du chapeau
Striée: Stries très fines ou des rayures sans relief en général
à la marge du chapeau
Ex: Entolomes, marasmes, mycènes, amanites du groupe des vaginées
(Amanita vaginata)
Cannelée: Stries ou rides plus larges, et plus en relief
Ex: Russules du groupe foetens (Russula illota)
Les reliefs
Soyeux: Aspect de la soie, lisse et légèrement brillant
Ex : Entolome livide (Entoloma lividum)
Squameux ou squamuleux: qui porte des écailles couchées comme
des tuiles
Ex: Lépiotes, coprin chevelu (Coprinus comatus)
Squareux: Qui porte des écailles redressées, aux bords saillants
Ex: Pholiote écailleuse (Pholiota squarrosa)
Tomenteux: Couvert de fins poils cotonneux, donnant un aspect feutré
Ex: Collybie à long pied (Collybia longipes)
Rivuleux: Marqué de fines rayures
Rimeux: Lorsque la peau du chapeau de déchire en fines bandes radiales, laissant apparaître la chair plus claire.
Ridé: Formant des plis irréguliers en surface et peu profonds
L'insertion des lames
libre | collariée | adnée | échancrée | décurrente |
Séparabilité du pied et du chapeau
Les diifférentes formes du pied
égal | fusiforme | obèse | radicant | bulbeux | clavé |
Egal: diamètre constant du haut en bas
Ex: Mycènes (Mycena inclinata)
Fusiforme: En forme de fuseau c.à.d renflé au milieu et rétréci aux extrémités
Ventru: de forme arrondie
Ex: Cèpe de Bordeaux (Boletus edulis)
Obèse: très arrondi
Ex: Cèpes, cortinaire élégant (Cortinarius prestans)
Radicant: Qui se termine par une racine souvent sous terre
Bulbeux: Renflé à la base
Ex : Inocybes, cortinaires (Cortinarius sodagnitus)
Clavé: En forme de massue c.à.d renflé à une
des extrémités
Ex : Clitocybe à pied en massue (Clitocybe clavipes)
Les motifs du pied
Fibrilleux: marqué de petites fibresou fins filaments sans relief
Strié : rayé mais sans relief
Poudré: recouvert d'une fine ponctuation dense, souvent sur le pied
Ex: Inocybes
Chiné: qui porte des motifs de couleurs différentes
Ex : Certains cortinaires, lépiote élevée (Macrolepiota
procera)
Scabreux: dur ou rugueux au toucher
Ex: les bolets rudes (Leccinum scabrum)
Scrobiculé: portant des fossettes, érosions en forme de gouttelettes
Ex: certains lactaires
Les différentes sortes de voiles :
volve en sac | volve friable | cortine | anneau | armille | verrues |
Cortine: voile formé de fins filaments allant du bord
du chapeau vers le pied (couvrant les lames lorsque le champignon est jeune,
disparaissant avec l'âge)
Ex: Cortinaire élégant (Cortinarius prestans)
Anneau descendant: orienté vers le bas
Ex: Amanite phalloïde (Amanita phalloides)
Anneau ascendant: orienté vers le haut
Anneau mixte: orienté dans les deux sens
Anneau en roue dentée: aspect découpé
vu d'en haut
Ex: Agaric des trottoirs (Agaricus bitorquis)
Voile général (volve)
Volve en sac: Qui recouvre le bulbe
Ex : Amanite phalloïde (Amanita phalloides)
Volve circoncise: coupée au ras et tout autour du
bulbe
Ex: Amanite panthère (Amanita pantherina)
Volve friable: qui se décompose. On en trouve des restes sur le chapeau
La chair: aspect
Fibreuse: constituée de fibres longitudinales et donc rigide et peu cassante
Grenue: granuleuse et donc fragile et cassante
Ex: Lactaires, russules
Caverneuse: avec des cavités creuses et irrégulières
Ex: Certaines russules ou lactaires
Fistuleuse: creusé par un canal régulier
dans le sens longitudinal
Ex: Les amanites vaginées
La chair: consistance
Divers termes servent à désigner la consistance de la chair:
Ex : Les marasmes ont une chair dite cartilagineuse, les russules ont une chair dite cassante
La chair: couleur et changement de couleur
Ex : Bleuissement intense du Bolet à chair jaune (Boletus erytropus), le rosissement puis le noircissement des russules du groupe nigricans, le jaunissement ou le rougissement de certains agarics
La chair: présence de lait
On observe toutefois la présence
d'un liquide aqueux chez certains Mycènes ou agarics
On notera la couleur du lait, sa variation de couleur, ainsi que sa saveur (douce
ou acre)
Caractères organoleptiques
La couleur : couleur de la cuticule, des lames, du pied, de la chair (éventuel changement de couleur à la blessure), des spores (primordial).
La saveur : douce, poivrée, âcre, amère, au niveau de la chair ou des lames.
Le toucher : cuticule sèche, veloutée, visqueuse, consistance de la chair, coriace, fibreuse, friable, etc., pied sec ou visqueux.
Caractères écologiques
Savoir où le champignon a poussé peut souvent orienter
la détermination.
Principaux éléments écologiques
Réactions chimiques
Réactions macrochimiques : on dépose un réactif sur la cuticule ou la chair, et on observe un éventuel changement de couleur. Le changement est instantané ou après plusieurs heures.
Les réactifs les plus utilisés sont les acides et bases fortes, la teinture de Gaïac, le sulfate de fer, le phénol, etc.
Réactions microchimiques : coloration de granulations acido-résistantes d'hyphes primordiales à la Fuchsine, coloration de l'ornementation des spores de Russules à l'Iode (réactif de Melzer), coloration en jaune du contenu des chrysocystides d'Hypholomes sous l'action de la potasse, par exemple.
La microscopie
Les caractères microscopiques les plus fréquemment
observés, sont : les spores (forme, ornementation, taille), les basides,
les cystides (face, arête, incrustations,
), la cuticule
Il existe des genres comme les Inocybes où le microscope est obligatoire
pour la détermination, et d'autres où il est très souvent
nécessaire (Russules par exemple).
Basides (basidiomycète)
Ce sont les cellules qui portent les spores : elles constituent l'hyménium
Cellules de forme allongée munie de 2 ou 4 stérigmates.
Cystides:
Les cystides sont des cellules stériles qui ne portent pas de spores
On peut en trouver sur les arêtes des lames, sur les faces des lames,
sur le chapeau, ou sur le pied.
La détermination d'une espèce repose :
Souvent on appréhende une espèce par une vision globale (l'Amanite tue-mouche avec son chapeau rouge et ses verrues blanches), sans analyse ; ou bien on feuillette un livre et on s'arrête à l'image la plus ressemblante. Cela s'assimile à un coup de poker !
C'est comme cela que l'on confond Entolome livide et Clitocybe nébuleux, Tricholome disjoint et Amanite phalloïde !
La seule méthode fiable est l'utilisation de clefs de détermination dichotomiques, qui invitent à l'observation des caractères nécessaires et suffisants, et uniquement ceux-là. Lorsqu'on sera arrivé à un nom, on contrôlera la détermination par la consultation d'un ouvrage illustré et de monographies décrivant l'espèce en détail.
En cas de divergence avec certains caractères, il sera nécessaire de poursuivre les recherches, afin de savoir s'il faut en tenir compte ou non : c'est à ce moment que l'on se pose des questions, comme de savoir quelle est la limite d'une espèce, quel crédit accorder aux observations antérieures (odeur, taille de spores, etc.), etc., etc. !
C'est arrivé à ce stade que, soit on arrête
de se torturer l'esprit avec ces choses qui ne tiennent même pas 3 jours
hors du frigo ou que l'on accroche à vie