Société   Mycologique de  Strasbourg


Saison 2001 : Quelques ascomycètes nouveaux en complément

 par Bernard CROZES

Etant en train de boucler mon inventaire des champignons d’Alsace, j’ai naturellement suivi, presque au jour le jour, les dernières découvertes de D.Doll et les déterminations de P.Hertzog.

Je me rappelle avoir emporté une espèce trouvée par le premier et qui ne semblait pas inspirer le second aux Journées luxembourgeoises de Mycologie vernale. Il devait forcément y avoir à ce stage, qui en fait se déroule en Belgique à l’abbaye de Clairefontaine, un spécialiste qui me mettrait un nom. Je veux parler de Biscogniauxia marginata et des noms, il y en a plusieurs puisque l’espèce, très rare au demeurant, a été baptisée selon l’époque et les auteurs, Hypoxylon marginatum, Nummularia marginata ou Nummularia discreta.

Biscogniauxia marginata (Fr.) Pouzar

L’espèce poussait sur une branche (support non identifié) et les réceptacles noirs, circulaires, n’excédaient pas 0,5 cm. Ils semblaient sortir du bois et le caractère intéressant était la trace d’une cicatrice circulaire laissée par les exemplaires arrachés. C’est Alain LAURON qui détermina l’espèce qu’il avait déjà trouvée en région parisienne et plusieurs mycologues la passèrent au micro plutôt deux fois qu’une. Plusieurs et non des moindres ne l’avaient jamais vue.
Récoltée en avril 2001 au Bickenberg (68). Leg. D.Doll.

Une autre espèce a été trouvée par mes soins en compagnie de Patrick Laurent lors d’une sortie SMHR dans l’Illwald . Sur le terrain elle a été cueillie comme un Hypoxylon et les noms de H. udum et H. serpens avaient été avancés mais la micro ne collait pas vraiment. Pour en avoir le cœur net, et sentant que ce pouvait être une espèce nouvelle pour la région, je l’envoyais à Paul Leroy, le spécialiste français des Pyrénomycètes. Les commentaires ci-dessous sont de sa plume.

Rosellinia corticium (Schw. : Fr.) Sacc.

« Cette Xylariacée n’est ni udum, ni serpens var. macrosporum car ce n’est pas un Hypoxylon mais une espèce du genre Rosellinia.
Dans ce genre les ascomes sont libres et chez beaucoup d’espèces, environnées d’un subiculum… Seule la microscopie permet de les séparer… L’exemplaire ici concerné est donc R. corticium. Les spores de cette espèce sont plus longues que celles de R. aquila et le sillon germinatif est souvent oblique à subhélicoïdal… L’une ou l’autre de ces espèces est assez commune, plus peut-être que R. mammaeformis qui est bien souvent confondue avec d’autres espèces proches. »
Dans le tome 1 des « Champignons de Suisse » figurent Hypoxylon udum et H. serpens ainsi que Rosellinia thelena.
Récoltée en avril 2001 dans l’Illwald (67) ; Leg. B.Crozes, det. P.Leroy.

Je profite de l’occasion pour citer des espèces communes au printemps, à condition de savoir où les chercher et que j’ai eu l’occasion de trouver pour la première fois cette année.
Je veux parler de :

Rhopographus filicinus (Fr.) Nitschke ex Fuckel
qui figure dans le tome 1 des « Champignons de Suisse » sous le n° 383 et que l’on trouve sur les tiges de la Fougère impériale (Pteridium aquilinum) et de

Callorina neglecta (Libert) Hein
qui figure dans le même ouvrage sous le nom de Callorina fusarioides sous le n° 285 et que l’on trouve sur les tiges sèches des orties (Urtica dioica).

Je profite encore de l’occasion pour lancer un AVIS DE RECHERCHE notamment auprès des membres de la SMS qui sont aussi botanistes.
L’espèce, objet de mes convoitises, est Mniaecia jungermanniae (Nees : Fr.) Boudier.
Les apothécies de couleur bleu-vert sont en forme de coussin de 0,5 à 1 mm de diamètre et elles sont greffées sur les hépatiques. Il existe une variété nivea de couleur blanc ivoire (on dirait une perle).

Ce champignon pousse au printemps (mars et avril, peut-être mai en fonction de l’altitude) sur les hépatiques à feuilles. Ont été répertoriées jusqu’à présent les supports suivants : Calypogeia muellariana, C. fissa, C. arguta, Cephalozia bicuspidata, C. lunulifolia, Diplophyllum albicans, Blepharostoma trichophyllum.

Le milieu est le groupement Calypogeietum muellerianae (communauté bryophytique de 3 à 8 espèces) qui peut se trouver dans les stations forestières de type Luzulo-Fagetum ou Lonicero periclymeni-fagetum ; talus ombragés, frais mais susceptibles de s’assécher en été, sur sols plutôt acides ; il s’agit de stades pionniers de la colonisation des talus d’éboulement.

Le dernier bulletin de la Société d’Histoire naturelle du Pays de Montbéliard (2001) recense les localisations des hépatiques concernées dans un article de B. Chipon intitulé « Inventaire des bryophites du Nord-Est de la France » dont la première partie est consacrée entre autres aux hépatiques.

D’après Jacques de Sloover qui a fait une étude sur la répartition de cette espèce en Belgique et qui l’a trouvée au Luxembourg ce printemps, l’espèce est très probablement implantée dans les Ardennes et dans les Vosges. Encore faut-il la localiser !

Elle est présente dans le Doubs où Michel Caillet a trouvé 2 stations signalées dans l’inventaire national de Régis Courtecuisse
La plupart des autres récoltes françaises sont du siècle dernier ou du début du siècle et il faut remonter à Crouan et à Boudier pour en trouver trace.

L’espèce est très bien représentée dans les « Icones mycologicae » de Boudier, planche n° 455 ainsi que dans les « British Ascomycetes » de Dennis, planche XVo.

Cet appel a été transmis à d’autres mycologues du Grand Est, notamment lors du congrès SMF de Besançon et de la rencontre inter-sociétés de Luxeuil-les-Bains.

En cas de découverte, merci de me contacter aussitôt… et nous aurons peut-être un nouvel ascomycète pour la région en 2002.

 


Page précédente ] Page d'accueil ] Retour ] Page suivante ]


Copyright © SMS 1999 - Tous droits réservés
Conception et administration du site: Dominique Schott
Dernière mise à jour le vendredi 28 décembre 2001