Société   Mycologique de  Strasbourg


Fiche technique régionale: Clathrus ruber Micheli : Persoon

par Dominique SCHOTT

Ordre de Phallales, famille des Clathraceae
Synonymes:   Clathrus cancellatus Tournefer : Fr.      
                     Clathrus volvaceus Bulliard

Noms communs(F): clathre grillagé, clathre rouge, cœur de sorcière.
Noms communs(D) : roter Gitterling

Après une première récolte alsacienne, signalée il y a plusieurs années, par Jean Trendel dans le jardin de ses parents à Haguenau, cette magnifique espèce a bien voulu refaire son apparition durant la saison 2001, cette fois-ci dans la banlieue de Strasbourg.

De réputation méridionale, sa présence dans le Bas-Rhin (67) en aura surpris plus d’un, et à tel point, que certains membres de la SMS ont même fait "couver" des œufs de ce champignon sur leur terrasse rien que pour le plaisir d’assister au spectacle de leur éclosion.

Clathrus ruber © SMS 2001
Photo © Dominique Schott - Strasbourg Cronenbourg le  23/10/2001

Description de l’espèce :

A l'état jeune elle se présente sous forme d'un œuf couché blanchâtre, se développant sous terre, de 3 à 6 cm de large, et fixé au sol par des cordons mycéliens plus ou moins ramifiés. Avant son ouverture, il est déjà possible de distinguer un fin réseau blanc qui se dessine en relief sur le péridium et qui permet d'éviter de la confondre avec un éventuel œuf de Clathrus archeri ou encore avec une espèce du genre Phallus.

A la coupe, le contenu ce cet œuf apparaît gélatineux, translucide, jaunâtre avec des reflets rosâtres pour les exemplaires les plus développés.
L'ouverture se fait par déchirure de la membrane recouvrant l’œuf (péridium) qui se déchire par le haut pour libérer le carpophore. Le péridium subsiste ensuite en prenant l’apparence d’une volve.

Le carpophore se présente en forme de sphère grillagée, étirée verticalement, et pouvant atteindre une hauteur de 10 à 15 cm. Les mailles forment des polygones irréguliers, de 1-2 cm de côté, étirés vers le bas et dont les angles sont plus ou moins arrondis. Les ramifications sont de couleur rose-rouge au départ puis deviennent rapidement rouge vif (blanches dans la forme alba) et sont constituées d'une chair légère, spongieuse, poreuse, ridée et très cassante, se brisant au moindre choc.
Les faces internes sont alvéolées et caverneuses et ce sont elles qui supportent la gléba (masse contenant les spores) qui est visqueuse, granuleuse de couleur verdâtre, devenant brun-noir à maturité. L’odeur est nauséabonde, rappelant celle de Clathrus archeri, mais elle semble cependant mois forte.
La dissémination des spores se fait grâce au vent, et … aux mouches ! Après disparition de la gléba la structure fragilisée s’effondre et se décompose.

Spores :
Petites, 5 x 2 µm, très nombreuses, de forme cylindro-elliptique, terminées par un  pédoncule. Sporée brune.


Spores

Habitat :
Le 15 octobre 2001 dans un dépôt de la DDE à proximité de Strasbourg (Cronenbourg), une dizaine de spécimens sur gravier sablonneux, mêlé de débris ligneux pourrissants, dans un endroit humide et ombragé. Seconde récolte le 23/10/01.
Leg. Michel Martin.

Remarques:
Espèce thermophile, assez commune dans le Midi, mais très rare dans le Nord. Nous avions eu l’occasion de la récolter aux journées phocéennes en 2000 et de nouveau durant le congrès 2001 de la CEMM en Catalogne, mais toujours dans des endroits ombragés ou humides, sous divers feuillus, comme par exemple alnus ou populus.

Altitude signalée dans la littérature: jusqu’à  300 m
Période d’apparition : avril à novembre.

Dans l’inventaire national elle est signalée dans les départements suivants :  06, 08, 12, 13, 17, 19, 20, 22, 23, 24, 26, 27, 29, 31, 34, 36, 37, 41, 43, 44, 45, 46, 49, 50, 51, 52, 53, 56, 59, 64, 66, 72, 76, 78, 79, 81, 83, 85 . Cette liste devrait encore s’allonger puisque l’espèce est considérée comme "invasive" potentielle. Chez nos voisins allemands, Krieglsteiner signale 25 stations dont 1 près de Wissembourg, 4 à Berlin et 3 encore plus septentrionales.

Bibliographie:
COURTECUISSE R. , DUHEM B.
, 1994 - Guide des champignons de France et d'Europe, Delachaux & Niestlé, Lausanne, p. 430, n° 1750
BON M., 1988 – Champignons d’Europe occidentale, Arthaud, p. 300
BREITENBACH J. & KRÄNZLIN F., 1986 - Champignons de Suisse, Tome 2, aphyllophoralles, Ed. Mykologia Lucerne, p. 398
KRIEGLSTEINER G., 1991 – Verbreitungsatlas der Grosspilze deutschlands, Band 1 : Ständerpilze , Teil A : Nichtblätterpilze, carte n° 162 p. 122
MARCHAND A., 1976 – Champignons du Nord et du Midi, Tome 4, Aphyllophorales, hydnaceae, gastéromycètes, ascomycètes, p. 162
AZEMA R.C
., 1982 – Les Champignons catalans, Vol.2, P. 359

 


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Dernière mise à jour le vendredi 28 décembre 2001