Société Mycologique de Strasbourg |
Les femmes mycologuespar Bernard CROZES Récemment une question anodine sur un forum
internet a donné lieu à une avalanche record de réponses. De quoi
s’agissait-il ? D’une demande de localisation de stations de
chanterelles, du concours du plus gros cèpe récolté, d’une question
difficile de nomenclature ? Nenni, la question émanait d’un président
d’une association naturaliste qui demandait si la contribution féminine en
mycologie était importante ou non et apparemment il n’en connaissait
qu’une… Aussitôt ce fut des dizaines et des dizaines de réponses et
curieusement pas une seule réponse féminine. Il y a beaucoup de femmes mycologues qui se sont illustrées par leurs dessins ou leurs aquarelles. Certaines ont ainsi secondé leur mycologue de mari. Ce fut le cas pour Mme PATOUILLARD qui colorait les tabulae qui étaient imprimées en noir. Mme GILLET peignait aussi les planches de son mari, aidée par leur fille Clémence. La femme du Docteur Robert HENRY peignait également. Il en allait de même pour Mme J. FAVRE (Suisse). Elisabeth KLOPFENSTEIN (Belgique) a dessiné ou peint des myxos, de même que Helga MARX (Allemagne) qui a collaboré au dernier tome sur les myxos de NEUBERT, NOWOTNY & BAUMANN. Pamela ELLIS (GB) a assisté son mari dans la rédaction et l’iullustration de ses ouvrages sur les « Microfungi on miscellaneous substrats » et « Microfungi on Land plants ». Un allemand a évoqué le nom de Hanna MAJER qui s’était spécialisée dans les dessins microscopiques. A propos de myxomycètes, tout le monde connaît Marianne MEYER, la spécialiste française, qui présida quelques années aux destinées de la Fédération Mycologique de Dauphiné-Savoie et qui organise tous les ans des journées myxomycètes dans les Alpes au printemps. Isabelle FAVRE de Genève et Bernadette MARTIN de Lyon sont des habituées de ces journées. J’y ai même rencontré des belges, passionnées par l’étude des myxos comme Myriam De HAAN et Sylvia De PAUW et une mexicaine, chercheur à l’Université de Mexico, Mercedes RODRIGUEZ. On connaît moins N.E. NANNENGA-BREMEKAMP des Pays-Bas, récemment décédée, qui a laissé son nom à de nombreuses espèces et laissé de nombreux articles et un ouvrage sur le sujet. En 1925 paraissait la troisième édition (la plus connue) de « A Monograph of Mycetozoa » de LISTER A. & LISTER G. Ce dernier auteur était Miss Gulielma LISTER qui travaillait avec son père mycologue. En France tout le monde a entendu parler de Marcelle
LE GAL dont les « Promenades mycologiques » font toujours la joie du
débutant en mycologie, mais cette femme s’est rendue célèbre par de
nombreux articles publiées dans les bulletins de la SMF et la « revue de
Mycologie » de Roger HEIM, notamment sur les discomycètes operculés et
sur la fonge de Madagascar. Elle fut la première présidente de la SMF de 1954
à 1956. Deux champignons au moins lui ont été dédiés, Boletus legaliae et Scutellinia
legaliae. Françoise CANDOUSSAU, la pyrénéenne, est spécialiste des pyrénomycètes (sans jeu de mots) et des Cordyceps. Mme DAVID (prénommée Alix) de Lyon est spécialiste des aphyllophorales et Denise LAMOURE des espèces de la zone alpine. Gisèle RIOUSSET ne fait pas que seconder son mari spécialiste des hypogés, elle est spécialiste des Lepiota entre autres. Elisabeth TREMI, récemment décédée était de Perpignan et sûrement une élève d’André MARCHAND. Michèle RAILLERE vient de publier avec Marcel GANNAZ une clé des Ramaria européennes. La SMF a compté une deuxième présidente en la personne de Françoise PERREAU (1988 à 1990) et on ne saurait oublier Mme Jacqueline JACQUES-FELIX, décédée l’an dernier. Parmi les femmes mycologues plutôt dans le domaine de la recherche quelqu’un a signalé in extremis Sylvie RAPIOR de la faculté de Pharmacie de Montpellier qui participe de manière active aux débats sur les divers forums. Pascal HERIVEAU m’a permis de rallonger la liste avec, par ordre alphabétique, Michèle BESSON-ANTOINE (Lab. de Mycologie de Lyon), Madeleine GABRIEL (Lab. de Botanique de Lyon ), Marie-Claude JANEX-FAVRE (Lab. de Cryptogamie du MNHN ), Paule LANQUETIN (collaboratrice de Jacques BOIDIN au Lab. de Mycologie de Lyon), Mireille MOREAU (Lab. de Biologie végétale. de Brest; mycopathologie), Germaine Valentine MOREAU (Lab. de Botanique de Caen), Jacqueline NICOT-TOULOUSE (Lab. de Cryptogamie du MNHN ; micromycètes), Agnès PARGUEY-LEDUC (Lab. de Cryptogamie du MNHN ), Marie Claire PIGNAL (Lab. de Biologie Végétale. de Lyon ; micromycètes), Françoise RAVILLY (Lab. de Mycologie du Centre Technique du Bois ; mycopathologie forestière), Paule TERRA (Lab. de Mycologie, Lyon ; travaux sur les noyaux). Je rajouterai quelques autres femmes mycologues rencontrées au cours des congrès et qui n’hésitent pas à passer derrière le microscope : Yvette BELLANGER du Béarn, Beatrix CHETZOFF de Bretagne, Myriam COULOM de Corse, Monique LANNERS de Paris, Sylviane MOINGEON de Franche-Comté et Marie-Geneviève POILLOTTE de Bourgogne. L’Espagne compte quelques mycologues femmes comme
Maria PAZ MARTIN qui a récemment publié une clé sur les Rhizopogon, Marisa CASTRO (Amanita),
Julita NAVARRO CAMPOAMOR (Tricholoma)
mais aussi Soledad SANCLEMENTE, Dolores SIERRA et Montserrat AGUASCA que j’ai
retenues pour l’originalité de leur prénom. Les pays de l’Est ne sont pas en reste avec Birgit KULLMAN (Estonie), Elena KUBATOVA (Rép. Tchèque), M.F. SMITSKAYA (Ukraine), Adriana POP et Tatiana SESAN (Roumanie), Milica TORTICH (Croatie), Alina SKIRGIELLO et Maria LISIEWSKA (Pologne). On me pardonnera de mettre dans le même lot Maria PANTIDOU (Grèce) mais géographiquement parlant çà se tient. L’Allemagne aussi est à l’Est de notre pays. Je me rappelle avoir vu Helga MARXMULLER au congrès SMF de Colmar, à l’époque où elle travaillait à débrouiller le groupe des armillaires avec ROMAGNESI. Rose Marie DÄHNCKE, originaire de la Forêt Noire a publié « 1200 Pilze in Farbfotos » et elle vit aujourd’hui aux Baléares. Elle avait signé, avec sa sœur, un précédent ouvrage qui n’en comportait que 700 … des Pilze. En Forêt Noire on peut encore citer Doris LABER de Titisee que connaissent bien les LAISNE et qui a déjà publié dans des revues mycologiques allemandes.. La Suisse aussi est à l’Est et il convient de citer Béatrice SENN-IRLET qui a publié un travail colossal sur les Crepidotus et qui a en charge l’inventaire mycologique de son pays. J’ai déjà évoqué les Pays-Bas avec Mme
NENNENGA-BREMEKAMP. On pourrait ajouter Else VELLINGA, Marijke NAUTA et Annelies
JANSEN citées par leur compatriote Machiel NOORDELOOS. J’allais oublier les anglaises dont certaines comme
Juliet FRANKLAND ont présidé la British Mycological Society. Pamela ELLIS, déjà
citée, était britannique aussi. J’ajoute encore Elsie WAKEFIELD à qui on a
dédié le genre Wakefieldia. Je ne saurais passer sous silence les italiennes avec Maria-Teresa BASSO qui gère la librairie spécialisée en mycologie « Mykoflora », mais qui publie aussi des articles et des ouvrages comme sa monographie « Lactarius » dans la série Fungi Europaei. Peu d’autres italiennes ont été citées : Annarosa BERNICCHIA, spécialiste des Polyporacées et Adriana TURCO-LAZZARI. Quant à Russula turci elle a été dédiée à la baronne Giulia TURCO-LAZZARI dont j’ignore les liens de parenté avec la précédente. Le forum était européen mais les mycologues d’au-delà des mers n’ont pas été oubliées à commencer par Miss BURLINGHAM, une russulologue américaine de la fin du XIXème, début du XXème siècle et ses compatriotes actuelles, Mimi HARRINGTON, spécialiste des Pezizales, Deborah LODGE, Karen NAKASONE et Hellen V.SMITH. Des Etats-Unis passons au Canada avec Yolande DALPE et Margaret BARR qui vient de publier dans un récent bulletin de la SMF avec Paul LEROY. L’Australie a été citée avec Cheryl GREGURINORIC
ainsi que la Nouvelle-Zélande avec Greta STEVENSON et Marie TAYLOR,
aujourd’hui décédées mais qui ont été des pionnières dans leur pays. L’on pourrait rajouter un chapitre sur les femmes de mycologues et c’est ce qui est arrivé sur le forum… pour souligner leur mérite, leur patience, leur abnégation… mais je m’en garderai bien car ce pourrait être un terrain glissant comme on dit dans le jargon footbalistique. Je vous renvoie à l’article de Didier BORGARINO intitulé précisément « La femme du mycologue » et qui a été publié dans le numéro 70 de notre bulletin.
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