Récoltes intéressantes ou nouvelles du 2ème
semestre 2000
par Paul HERTZOG
Russula sublaevispora (Romagnesi) Romagnesi ex
M.Bon
Cette russule de la sous-section Griseinae, proche de parazurea
est bien caractérisée par ses spores sublisses à très peu ornées.
Ses teintes peuvent évoquer une vesca pâle (in litt.). L’unique
exemplaire de notre récolte accusait des couleurs très pâles, à peine lavées
de violacé au bord. Sporée crème.
Sous feuillus. Gildwiller. Août 2000. Leg. D.Doll.
Rusula heterophylla var. virginea (Cooke &
Massee) Melzer
Toutes les caractéristiques du type (Fe positif, lames anastomosées, sporée
blanche…) étaient présentes.
Les teintes uniformément blanchâtres à peine nuancées de jaune ocracé
(forme pseudo-ochroleuca Romagnesi) l’en éloignaient.
Au pied d’un chêne. Gauchmatt. Août 2000.
Hygrophorus cossus var. quercetorum (P.D.Orton)
M.Bon
Le chapeau blanc lavé d’ocracé au disque sépare la variété du type
selon M.Bon.
B.Cetto qui a élevé cette variété au rang spécifique en donne une bonne
photo (n° 2434).
Probablement thermophile.
Bollenberg, sous chêne. Novembre 2000. Leg. D.Doll.
Mycena rhenana Maas Geesteranus & Winterhoff
Petite taille, couleur blanche grisâtre, habitat sur aulnes caractérisent
l’espèce.
Les chapeaux pectinés dépassaient difficilement 4 mm de diamètre. Les stipes
pruineux terminés par un disque basal pubescent étaient greffés sur strobiles
d’aulnes.
Ried d’Elsenheim. Septembre 2000.
Cette espèce difficile à voir est probablement moins rares qu’on ne le
pensait.
Cystolepiota adulterina var. subadulterina
(M.Bon)M.Bon
Dès la récolte on est frappé par la teinte bistrée des lamelles. Le type
a des lamelles pâles et les spores plus longues.
Ried d’Elsenheim. Septembre 2000.
Melanoleuca subexcentrica M.Bon
Ce taxon nous semble bien caractérisé dans la sous-section Grammopodinae :
taille moyenne, chapeau pâle à café au lait, marge crénelée, stipe court,
lames pâles.
Le microscope nous a montré un caulocutis sommital à poils articulés, signalé
par M.Bon.
Berge du Grand Canal d’Alsace, Vogelgrün. Novembre 2000.
Lepista martiorum (Favre) M.Bon
Lepista martiorum ou « Clitocybe des Marti » a déjà été évoqué
dans un précédent bulletin.
Lise et François Marti, amis mycologues regrettés, nous l’ont présenté
lors des Journées SMS du Lac Noir… Il a été retrouvé dans les marais de
Frasnes (Journées SMS de Longeville-au-Mont-d’Or en 1999) et enfin, et
c’est une « première régionale », lors des Journées SMS de
Liebfrauenberg.
Début octobre 2000. Leg. P.Laurent.
Clitocybe osmophora Gillet
L’odeur forte, pénétrante, rappelant Inocybe bongardii, caractérise
ce petit clitocybe hygrophane de teintes brun gris, aux lamelles concolores.
Ses petites spores (4-5 x 2-3 µ) le séparent de Clitocybe pruniodora
qui appartient au même groupe.
Fin octobre 2000. Carspach. Dét. et Leg. D.Doll.
Entoloma majaloides P.D.Orton
Par son habitus cette espèce rappelle E. rhodopolium, mais ses
couleurs miel à brun jaune ou jaunâtre l’en éloignent manifestement. Le
pigment finement incrustant dans l’épicutis le sépare définitivement de rhodopolium.
Massif du Petit ballon. Août 2000. Leg. D.Doll.
P.Laurent signale cette espèce dans le Ried. Sous bouleaux probablement.
Entoloma melanochroum Noordeloos
Lors du Congrès SMF de Belfort en 1998, Noordeloos lui-même, détermina
cette espèce en précisant, première récolte en France probablement. Depuis, E.
melanochroum a été retrouvé deux fois, en Alsace.
Sur notre récolte, le chapeau non strié, fibrilleux, finement squamuleux au
centre, accusait une teinte brun noirâtre (les nuances bleues sur les jeunes
individus s’estompent rapidement). Le microscope montra des spores de 10 x 6-7
µ et des cheilocystides cylindriques à lagéniformes.
Récolte de Dessenheim. Début novembre 2000. Leg. D.Doll.
Récolte de Winkel par Markus Wilhelm (Bâle).
Entoloma lepiotosme (Romagnesi) Noordeloos
Silhouette nolanéiforme, chapeau subpapillé, teintes foncées, noirâtres
sur le chapeau et bleu noir sur le stipe, odeur de Lepiota cristata
permettent une approche macroscopique.
Au microscope, les spores mesurant 9-12 x 6-8 µ, l’absence de cheilocystides
et de boucles affinent la détermination.
Liebfrauenberg. Début octobre 2000.
Conocybe aurea (J.Schaeffer) Hongo
Ce champignon n’a pas usurpé son nom. D’emblée on est frappé par les
teintes jaunes du chapeau et du haut du stipe. La déshydratation avive encore
ces couleurs.
Sur paillis d’écorces, dans un chemin humide au bord de l’étang de
Michelbach. Septembre 2000.
Cortinarius fulvoincarnatus R.Henry
La controverse « fulvoincarnatus = arcuatorum »
perdure… Nous nous contenterons de signaler cette récolte d’un petit groupe
de sporophores plus grêles aux couleurs moins prononcées, plus carnées que
chez arcuatorum type. La taille des spores plus ou moins grandes et plus
ou moins ornées chez l’un ou chez l’autre, selon les auteurs, ne fait guère
avancer le… « schmilblick ».
Espèce plus ou moins ambiguë.
Widensolen. Septembre 2000.
Cortinarius citrinolilacinus (Moser) Moser
Dans le groupe difficile des Calochroi, ce cortinaire se singularise
par sa taille relativement grande (jusqu’à 10 cm et plus), sa teinte jaune
citron, sa réaction faible (brunâtre) au KOH sur la cuticule et son habitat
dans les feuillus calcaires.
Liebfrauenberg. Début octobre 2000. (déjà récolté à Bisheim)
Cortinarius damascenus Fr.
Chapeau brun cannelle, stipe blanchâtre fusoïde-radicant, absence de voile
apparent…, instinctivement on range ce Telamonia dans les Duracini.
Les lamelles non crénelées, ses petites spores (6-7 x 4-5 µ) pour le groupe,
et surtout sa croissance en touffes au pied des troncs, le différencient des
espèces voisines.
Widensolen, sous charmes. Septembre 2000.
Cortinarius lacustris Moënne-Loccoz &
Remaux
Dans leur Atlas des Cortinaires Bidaud & al. Décrivent près de 80
taxons de cortinaires hinnuloïdes. De leur classement basé sur la présence et
la couleur du voile, se dégagent 4 sous-sections :
- voile rouge ou rose à la base => Rubrovelati
- voile jaune, crème ocré => Helvoli
- voile blanc à grisâtre évident => Hinnulei
- voile peu marqué => Fulvaurei
Cortinarius lacustris appartient à la sous-section Helvoli et vient
typiquement au bord des mares. La distinction des divers taxons de ce groupe ne
paraît pas aisée. Les couleurs jaune d’or étaient frappantes à la déshydratation.
Le microscope a montré des spores de 9-11 x 5-6 µ, finement piquetées.
Gauchmatt, dans un fossé très humide. Août 2000.
Cortinarius valgus Fr.
Ce cortinaire au chapeau un peu soyeux, plus ou moins brunâtre affectionne
les bétulaies, souvent en compagnie de C. raphanoides ou betuletorum.
On le reconnaîtra sur le terrain à son stipe gris bleu au sommet.
Libfrauenberg. Début octobre 2000. (déjà rencontré à Osenbuhr)
Cortinarius ophiopus f. pervelatus Bidaud &
al.
Ce taxon appartient au « complexe ophiopus-vulpinus » qui
renferme des espèces portant des restes de voile évidents, blancs à brunâtres,
sur le stipe.
Exposition de Marckolsheim. Septembre 2000.
A une description succincte nous préférons reproduire ici un extrait de la clé
inspirée de l’Atlas des Cortinaires :
- odeur de moisi, de DDT, lames peu colorées
- chair immuable => ophiopus (= rufoalbus Kühner)
- chair jaunissante dans le stipe longuement radicant => ophiopus f.
pervelatus
- odeur de sueur des pieds, lames violacées
- spores elliptiques ou amygdaliformes 11-14 µ => vulpinus
- spores subfusiformes jusqu’à 17 µ (sous charmes) => pseudovulpinus
Xerocomus chrysenteron f. gracilis Engel
Nous récoltons cette forme naine de Xerocomus chrysenteron depuis
1998 et nous avons attendu cette ultime récolte 2000 pour la signaler ici.
Le chapeau dépasse difficilement les 2 cm. La surface feutrée brun olivâtre,
partiellement rose ou rouge, finement aréolé vers l’extérieur rappelle le
type. La chair est bleuissante, plus nettement dans le stipe.
Deux récoltes à terre et une troisième sur une souche pourrie, les trois dans
la même station.
Ried d’Elsenheim. Septembre 98, 99, 2000.
Leccinum nigellum Redeuilh
- chapeau totalement brun noir
- stipe long, puissant, atténué à la base, densément orné de squamules
noires
- chair coupée fugitivement rosâtre, puis vite gris ardoisé à noirâtre
persistant
Ces caractères macroscopiques sont parfaitement superposables à la description
de Lannoy & Estades (Monographie des Leccinum d’Europe p. 120).
Seul l’épicutis nous a montré des hyphes à articles nettement plus allongés.
Exposition de Marckolsheim. Septembre 2000.
Leccinum rufescens (Konrad) Sutara var.
pallidicute Pilat 1994
Notre récolte à chapeau très pâle, gris beige avec une nuances rosâtre
très pâle également, évoquait tout à fait cette variété dont on peut lire
la diagnose originale dans la monographie citée plus haut, page 129.
L’absence totale de teintes oranges ou jaunes excluait le type et sa variété
flavescens.
Wintzenheim. Début septembre, sous bouleaux. Leg. D.Doll.
Pour clore cette rubrique nous évoquerons brièvement quelques
poussées inhabituelles dans de nouvelles stations nées ou à naître sur
paillis d’écorces dans les espaces verts publics, qui se sont succédées
tout au long de l'été et de l'automne 2000.
Avec attention et régularité nous avons pu « suivre » ces quelques
mètres carrés de massifs situés aux portes mêmes du village.
Après des apparitions sporadiques de quelques Leucoagaricus (leucothites,
subcretaceus) des colonies impressionnantes ont envahi ces espaces .
Citons dans leur ordre d’apparition : Agrocybe arvalis,
Collybia impudica et Collybia luxurians…
puis plutôt isolés : Leucocoprinus cepistipes, Agaricus
luteomaculatus… En fin de saison nous avons observé une « explosion »
générale de Melanoleuca langei sur tous les massifs et
noté l’extrême variabilité de ce taxon…
Sundhoffen, saison 2000
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