Société   Mycologique de  Strasbourg


Saison 2001: Quelques basidiomycètes nouveaux pour la région 

par Paul HERTZOG

Contrastes et records (débordant le cadre régional) ont marqué l’année 2001. L’O.M.M. (Organisation météorologique mondiale) a communiqué des précipitations supérieures à la moyenne, notamment dans l’ouest, et des records de chaleur pour le mois d’octobre.

Au plan mycologique on a pu noter une année pauvre en morilles, une raréfaction des Agarics, la chute spectaculaire de la production de truffes, due à la sécheresse de l’été. Excès d’eau, sécheresse, pluies estivales rares, températures trop élevées… une météo en dents de scie ou déconcertante, pas toujours favorable aux poussées fongiques. Et pourtant… l’inventaire mycologique régional s’est enrichi cette année 2001 de plus de cent taxons nouveaux !

Nous complèterons la liste des espèces hiémales et celle des ascomycètes récoltés en 2001 (voir bulletins précédents * ) par une nouvelle série de taxons représentatifs de cette saison. Un récapitulatif complet sera publié par Bernard Crozes dans un « premier complément à l’inventaire des champignons d’Alsace » ( ** ).
(*) « Récoltes intéressantes : hiver 2000/2001 » in Bul. SMS n° 80
 
« Saison 2001 : Quelques ascomycètes nouveaux pour la région » in Bul. SMS n° 82

(**) à paraître dans le bulletin SMHR 2002 (envoi de l’article sur demande).


Russula subterfurcata Romagnesi
Griseinae bien caractérisée macroscopiquement : teintes assez pâles, sporée crème, lames fortement fourchues vers l’insertion, sulfate de fer moyen, habitat sous feuillus…
Le microscope montre des spores petites, à verrues à peine cristulées et des poils articulés spécifiques.
Nos échantillons étaient de couleur crème, à peine nuancée d’ocracé rosâtre, et de taille supérieure à celle indiquée dans la littérature.
Bollenberg, sous chêne pubescent. Le 10/06/2001. Leg. F. Saraillon.

Russula duportii Phil.
Cette russule de taille à peine moyenne appartient à la stirpe elaaeodes (viridantes à dominante verte). Les couleurs vertes à jaunes quasi uniformes, sa taille plus petite, l’absence de nuances vineuses vers l’extérieur, la réaction vire au sulfate de fer et sa spore de 9-11 µ à épines isolées, la séparent de Russula elaeodes.
Leg. et det. D. Doll. Septembre 2001. Dans une hêtraie-chênaie près de Suarce (dans le 68).

Lactarius cimicarius Fr.
Ce taxon appartient au complexe subumbonatus-cremor-serifluus et est souvent synonymisé avec subumbonatus.
Nous avons noté les teintes ocre rougeâtre du chapeau, les lames pâles à reflets rosés, l’odeur faible (différente de cellle de la chicorée)… une diagnose parfaitement superposable à celle de M. Bon (DM n° 40 p. 74).
Nous ne disposions que d’un seul sporophore recueilli au fond d’une cagette, mais nous sommes persuadés que le cimicarius Fr. ss. Bon est une bonne espèce, différente de subumbonatus Lindgren.
Exposition SMS de Schiltigheim. 30/09/2001.

Tricholoma arvernense Bon
Ce tricholome de la stirpe sejunctum n’a primitivement jamais été rencontré hors de l’Auvergne. Depuis il a été signalé d’abord dans les Cévennes puis en Haute-Savoie. Il est difficilement séparable des taxons voisins de la stirpe, dont certains peuvent également accuser des nuances orangées.
Les couleurs jaunes à orange cuivré du chapeau, les lamelles serrées plutôt grisâtres, le stipe subradicant, la saveut amarescente permettent de cerner l’espèce. Mais seule la présence de boucles au pied des basides et (plus rares) dans le revêtement, est déterminante.
B. Crozes qui avait reçu l’espèce en premier était arrivé à la même détermination.
Leg. J. Grandhay le 20/10/2001. Hêtraie-sapinière près de Linthal dans le massif du Petit Ballon.

Entoloma olivaceotinctum Noordeloos
Habitus et teintes olivâtres évoquent incontestablement certains Simocybe ou encore Callistosporium eleodes mais les lames blanchâtres à rosâtres orientent vers une autre piste.
Le microscope a montré les spores anguleuses ( 8 x 6 µ) et les cheilocystides longuement claviformes caractéristiques de ce taxon.
Mittlach, en milieu rudéralisé humide, sous noisetiers. Le 13/09/2001. Leg. D. Doll.

Entoloma atrocoeruleum Noordeloos
Cette espèce appartient à la section Cyanula comprenand les « Leptonies » plus ou moins cyanées, pour la plupart indéterminables sans le secours du microscope.
Description sommaire :

- chapeau typiquement bleu noir, mais de couleur un peu changeante, écailleux, strié avec l’âge
- lamelles pâles
- stipe bleu violacé
- microscopie : spores 8-12 x 7-8 µ ; cheilocystides et boucles absentes.

Hardt-Sud près de Hombourg. Fin septembre 2001. Leg. J-L. Muller.

 Pluteus lepiotoides Pearson
Ce champignon de couleurs brunes rappelle manifestement une Lépiote (chapeau à disque fermé, velouté et écailleux vers l’extérieur).
L’épicutis est formé de poils cylindriques.
Plusieurs individus, à chapeau de 3-4 cm de diamètre, poussaient en plein chemin d’une forêt riedienne sur débris végétaux. Donné comme très rare dans la littérature.
Elsenheim. Le 20/09/2001.

Ramicola reducta (Fr.) Karsten ( = Simocybe reducta)
Les Ramicola (ou Simocybe) sont de petites espèces naucorioïdes de teintes brunes ou grisâtres généralement nuancées d’olivâtre. La sporée est brune, les spores sont souvent réniformes.
Sur le terrain R. reducta se distingue difficilement de ses congénères (centunculus et var.). Le caractère différentiel apparaît au microscope : spores en forme d’amande.
Murbach. Hêtraie-sapinière. Le 16/06/2001. Leg. D. Doll.

Cortinarius osmophorus P.D. Orton  ( = C. evosmus Joachim)
Cette espèce qui appartient à la section Multiformes ne « paie vraiment pas de mine » : absence de couleurs vives, tout dans les tons jaunâtre, bulbe vaguement marginé… Mais sa chair dégage une odeur très forte de fleurs d’oranger (hebeloma sacchariolens) caractère que C. osmophorus partage avec plusieurs de ses congénères : C. suaveolens, C. odoratus, C. sacchariolens
Dans une hêtraie calcaire à Osenbach. Le 21/10/2001. Leg. D. Doll.

Cortinarius olympianus Smith
Ce Bulbopodes élégant, tout dans les tons gris bleu lilacin, aux lames rose lilas (cf. C. calochrous) poussait dans une hêtraie-chênaie calcaire.
Les frontières entre ce taxon et C. caesiopallescens Reumaux & all. Nous paraissent imprécises… La présence ou l’absence de voile blanc sur le chapeau (il serait important sur C. caesiopallescens) permet peut-être de trancher.
Osenbach. Le 20/10/2001. Leg. D. Doll.

Cortinarius gentianeus Bidaud
De port plutôt robuste ce taxon se situe au plus près de C. amarescens qui, comme lui, a la cuticule amère. Le premier a les spores plus petites. Classés tous les deux dans la section Rapacei aux teintes très pâles variant du blanchâtre au crème ochracé.
C. aleuriosmus à revêtent doux et à chair fortement farinolente entre également dans cette section.
Exposition SMS de Schiltigheim du 30/09/2001. Leg. Colette Zorn.
Retrouvé par B. Crozes le 17/10/2001 à Sondesdorf.

Hohenbuehelia petaloides var. abietinus Sing. Kuthau
Rappelons que le genre Hohenbuehelia comprend des espèces pleurotoïdes à chair partiellement gélifiée et présentant des cystides métuloïdes (à parois épaisses…).
Chapeau pâle, chair mince (< 1,5 mm), couche gélifiée < 50 µ, habitat sur conifères, spores mesurant 5-7 x 3-4 µ séparent cette variété du type dont les spores sont un peu plus petites et la couche gélifiée plus importante (80-200 µ), et qui vient volontiers sur bois de hêtre. Type et variété sont nettement stipités.
Lac du Ballon, sur bois de conifère très décomposé. Le 9/09/2001. Leg. D. Doll.

Resupinatus alboniger (Pat.) Singer
C’est un très petit champignon grisâtre en forme de cyphelle de quelques mm seulement, entièrement gélifié. La chair est constituée d’une seule couche translucide (3 couches chez Hohenbuehelia cyphelliformis).
Caractères microscopiques :

- spores 6-8 x 3-4 µ, phaséliformes à cylindriques
- cheilocystides diverticulées
- pas de cystides métuloïdes observées
- épicutis à hyphes coralloïdes incrustées.

Sur branchette tombée. Luttenbach. Le 8/11/2001. Leg. D. Doll.

Calyptella capula (Holmsk. ex Fr.) Quélet
En forme de cupule membraneuse, blanchâtre, atténuée en stipe oblique, et à hyménium lisse, ce champignon poussait en groupe sur une tige végétale.
Le n° 226 du Tome 2 des « Champignons de Suisse » en donne une reproduction fidèle.
Lac du Ballon. Le 9/09/2001. Leg. et dét. D. Doll.

Leccinum brunneobadium (Blum) Lannoy & Estades
Il diffère de Leccinum carpini (griseum) par :
- des teintes à dominante brune
- un aspect plus ou moins velouté du revêtement
- des craquelures plutôt marginales
- un stipe à squamules non disposées en côtes
- un épicutis composé de sphérocystes avec quelques éléments plus allongés

Détails (macroscopiques et microscopiques) somme toute subtils et pas toujours faciles à mettre en évidence.
Deux récoltes :
Le 2/07/2001 à Heiteren sous charmes. Leg. F. Saraillon.
Le 9/09/2001 à Labaroche, sous trembles et bouleaux. Leg. D. Doll.

 


Page précédente ] Page d'accueil ] Retour ] Page suivante ]


Copyright © SMS 1999 - Tous droits réservés
Conception et administration du site: Dominique Schott
Dernière mise à jour le vendredi 29 mars 2002