Société   Mycologique de  Strasbourg


Un champignon tueur d'araignées: Gibellula pulchra (Saccardo) Cavara 

par Patrick LAURENT

Après Acremonium lindneri anamorphe d’ascomycète parasite découvert lors des rencontres mycologiques organisées par la SMS à Luxeuil (70) en 1999, nous avons eu le plaisir de découvrir un second anamorphe d’ascomycète parasite et tueur d’arachnideae, lors des rencontres mycologiques SMS de 2000 à Liebfrauenberg (67), sur molinies en terrain humide, dans une réserve naturelle des Vosges du Nord.

Gibellula pulchra © SMS 2001
© Photo Patrick Laurent

Cette espèce connue de nos contrées, contrairement à la première citée, est vraisemblablement largement répandue, mais doit passer inaperçue vu sa taille et son habitat.

Il nous a fallu à nouveau l’aide du forum d’internet pour mettre un nom sur cette espèce, que BOUDIER a fort bien décrite dans le Tome 4 des textes descriptifs de Icones Mycologicae p. 345 et la planche 583 du volume III. C’est Jean-Jacques Roth de Genève en Suisse qui nous a mis sur la voie. Qu’il en soit remercié.

Gibellula pulchra (Sacc.) Cavara
Gibellula leiopus (Vuill. in Maublanc) Mains, Mycologia 42 : 313. 1950.
Isaria arachnophila Dittm.

Il s’agit d’un Deutéromycète parasite d’Arachnidé que nous avons récolté en abondance sur molinia caerulea elle même parasitée par l’Ergot de seigle Claviceps purpurea.

Notre difficulté était de savoir si notre espèce était greffée sur la graminée elle même ou sur son parasite. En fait ni l’un ni l’autre, en jetant un coup d'œil sous la loupe binoculaire sur les conseils de J.J. Roth, nous vîmes des pattes de minuscules araignées dépasser du mycélium de notre espèce.

Une lecture de la description dans Boudier (ci-dessous), confirmait notre espèce.

« Cette espèce se développe sur le corps de diverses araignées qu’elle tue et recouvre d’un mycélium blanc-jaunâtre qui développe un grand nombre de clavules d’un blanc lilacin, cylindriques, plus ou moins allongées et flexueuses, formées d’un pédicule filamenteux jaune, se prolongeant jusqu’au sommet de la clavule qui est sept ou huit fois plus longue que la base.

Cette clavule est formée d’une multitude de petites têtes globuleuses d’un blanc rosé, constituées par des hyphes qui se séparent du stipe, se renflent en une massue piriforme-arrondie, supportant de 6 à 12 cellules oblongues ; celles-ci portent au sommet 6 ou 8 petites cellules cylindriques qui donnent naissance elles-mêmes à un chapelet de sporules petites, ovoïdes, oblongues incolores ou légèrement rosées vues en masse, mesurant 4 à 5 µm de longueur sur 2-2,5 µm de largeur.

L’ensemble de l’appareil constitue alors une clavule cylindrique très allongée de 3 à 5 mm de hauteur, nue et jaune à la base et couverte de petites têtes arrondies pulvérulentes et légèrement rosées.

Cette jolie petite espèce se rencontre de temps en temps en automne sous les feuilles des arbustes ou des grandes plantes dans les bois humides, naissant toujours sur le corps d’une araignée qu’elle tue et fixe à la partie inférieure d’une feuille quelconque. »

Bibliographie :

Boudier, E., Icônes Mycologicae (réédition) p. 345 vol. IV et la planche 583 du vol. III.

 


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Dernière mise à jour le jeudi 01 novembre 2001