Société   Mycologique de  Strasbourg


Omphalina xylophila (Vassil.) Bon 
( = O. lilaceorosea Svr. Kub. 1972)

par Paul HERTZOG

Samedi 13/ 5/2000. Sortie de la SMHR dans l’île du Rhin d’Ottmarsheim. Au menu : arbres et arbustes avec une participation nombreuse et attentive… Quelques irréductibles (ou saturés de botanique) s’étaient arrachés à la classe studieuse et déambulaient à l’ombre des robiniers et des peupliers. Pas le moindre champignon à se mettre sous la loupe. Si, un Coprinus disseminatus, un Auricularia mesenterica et c’est tout (1). Comme l’orage grondait au loin, on rebroussa chemin. Et ce fut la surprise ! Sur un vieux tronc couché de peuplier, Bernard Crozes d’abord, Daniel Doll ensuite, Lucien Klein enfin, firent la trouvaille du jour et le bonheur de la petite troupe : 3 basidiomes aux couleurs insolites et à silhouette omphaloïde. Mais l’orage se fit menaçant et la sortie se termina dans la précipitation… Un peu plus tard le microscope confirma et précisa la détermination hâtive sur le terrain.

(1) seront également trouvés Pyronema domesticum (place à feux) et Hirneola auricula-judae.

Omphalina xylophila ©Markus Wilhelm
Photo © Markus Wilhelm

Description d’un basidiome adulte : 

Chapeau : 5 cm, légèrement convexe, ombiliqué, brun assez sombre imbu, avec des reflets lie de vin, hygrophane, perdant les nuances lilacines en séchant et alors gris-ocracé, mat, présentant sous la loupe de minuscules fibrilles squamuleuses, plus nombreuses vers l’ombilic, se raréfiant ou disparaissant vers l’extérieur ; marge mince, un peu ondulée et très striée sur le champignon hydraté. 
Lamelles : moyennement serrées, un peu décurrentes, larges de 3 à 4 mm, rose lilacin puis blanchâtres et alors tachées çà et là de lie de vin ; arête plus ou moins concolore sauf vers la marge où elle est soulignée de brun sur quelques mm ; lamellelules nombreuses.
Stipe : 4 cm sur 0,5 cm, cylindrique à légèrement aplati-comprimé, un peu épaissi à la base, subtilement soyeux-fibrilleux sous la loupe, grossièrement feutré à la base sur près d’ 1 cm, d’un beau rose lilacin persistant.
Chair : mince dans le chapeau (1 à 2 mm), brunâtre lilacin ; odeur pélargoniée sensible et persistante.
Sporée : beau rose assez vif.

Habitat. Récoltes :
Récolte
du 13.05/2000 sur un vieux tronc couché de Populus nigra (champignon décrit ci-dessus). Ile du Rhin à Ottmarsheim (MEN3720B).
Autres récoltes :
Dans nos notes personnelles nous avons trouvé trace d’une récolte du regretté Jean Perrin, mycologue de Valdoie sub. Omphalina lilaceorosea, en mai 1978 dans la forêt rhénane sans autre précision. D’après la courte description macroscopique que nous avons conservé, il s’agirait fort probablement de O. xylophila.

Markus Wilhelm, ami mycologue de Bâle nous signale dans un récent courrier, deux récoltes sur Populus nigra également dans l’île du Rhin de Kembs : 27/09/93 et 08/09/98 sub. Omphalina discorosea (Pil.) Her-Kotl, tout en convenant, après réexamen de ses exsicata, que ses récoltes peuvent être rapportées à O. xylophila.

Jean-Louis Surault signale également des récoltes dans l’Ouest dans le bulletin de la SM du Poitou (31/10/94) et il est curieux de constater la présence de champignons accompagnants identiques à ceux signalés par Wilhelm : Lycogala flavofuscum commun aux deux récoltes, ainsi que des Plutées (P. aurantio-rugosus et P. umbrosus pour JLS, P. polyocnemis pour MW.

Nous avons encore récolté cette espèce cet été dans la Nièvre en compagnie de Michel Relin, bien connu des participants des Journées SMS.

Description microscopique :

Spores : 6 à 8 µ sur 4,5 µ en moyenne, donc elliptiques (non fusi-larmiformes) Q = 1,3 à 1,5. Un individu nous a montré quelques spores plus grandes et plus larges (vers   9,5 sur 5-6 µ) issues sans doute de basides bisporiques.
Les spores peuvent apparaître ± granuleuses suivant les préparations (dans l’eau dans notre cas).
Basides : faiblement clavées, bouclées.
Poils d’arête
 : ± tortueux, mêlés aux basides ; plus nettement visibles sur basidiome jeune.
Epicutis : hyphes lâchement emmêlées, peu à fortement incrustées ; boucles présentes.

Discussion :
Une certaine confusion régnait dans ce groupe d’omphales aux couleurs ± lilacines, où suite à diverses (mais rares !) récoltes et au gré des auteurs se mêlaient différents taxons : O. demissa, O. discorosea, O . lilaceorosea, O. xylophila. (Pour plus de précisions sur la ou les synonymies nous renvoyons le lecteur au bulletin FMDS n° 143).
Marcel Bon (1997) mit bon ordre en créant le sous-genre Rhodomphalina (couleurs ± rose lilacin et sporée rose) et en distinguant : 

            - 1 espèce terrestre à spore > 10 µ                                     O. demissa (Fr.) Quél.
   
         - 2 espèces lignicoles :
                        - marge striée, odeur nulle, spores étroites (Q = 2),
                           cheilocystides (poils) nul                    O. discorosea (Pil.) Her.-Kotl.
   
                     - marge non striée, odeur pélargoniée, spores + larges (Q = 1,3-1,6),
                           cheilocystides présentes                     O. xylophila (Vassil.) M.Bon

Il conviendra toutefois d’apporter une correction à cette clé sommaire : la marge de O. xylophila est très nettement striée sur les individus adultes et hydratés.
Les jeunes basidiomes (chapeau de 1 cm environ) par contre étaient absolument conformes à la description de Bon (DM hors série n° 4 p. 119).

Nous avons tout particulièrement noté :
-         chapeau peu déprimé, brun assez sombre et à peine rosâtre ; couronne noirâtre se dessinant en séchant
-         absence de striations
-         odeur pélargoniée avec effluves ± désagréables pouvant rappeler le poisson.

On notera donc une certaine variabilité de couleurs de ce champignon suivant son âge, son degré d’hydratation. En tenant en main des individus de coloration extrêmes on « a du mal » à les rapporter au même taxon :
Le chapeau varie du brun sombre à reflets violetés au gris cendré terne.
Les couleurs rose violacé des lamelles s’accentuent d’abord pour disparaître presque totalement.
Le stipe rose lilas (nuancé de brunâtre ou d’olivâtre au sommet (Wilhelm) garde ses belles teintes longtemps, même en herbier pour nos échantillons.

Bibliographie :
Bon, M., 1997, Les Clitocybes, Omphales et ressemblants, DM hors série n° 4 p. 119
Cetto, B., 1983, I funghi dal vero, Saturnia pl. 1479  sub. O. discorosea ; représente manifestement autre chose !
Moser, M., KKF sub. O. discorosea (conception collective)
Röllin, O., Anthoine, A., 1996, Découverte d’une Omphale rare avec des lamelles et un pied hauts en couleurs, Bull. FMDS n° 143 p. 31-34
Surault, J-L., 1994, Omphalina xylophila (Vassil.) M. Bon, Bull. SMP p. 30-31

 


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Dernière mise à jour le mercredi 07 février 2001