Société Mycologique de Strasbourg |
Récoltes alsaciennes de Gymnopus luxurians (=Collybia
luxurians Peck.)
par Patrick LAURENT Il existe des mètres carrés très fructueux en espèces rares, en Alsace et plus exactement à SUNDHOFFEN dans le Haut-Rhin, village de notre maître à tous. En effet, un jour d’août où je rendis visite à
Paul Hertzog, il m’a fait découvrir une espèce peu banale, que j’avais déjà
récolté dans mon jardin sans le savoir, de laquelle j’avais fait une photo
et à qui j’avais collé le nom suivant Agrocybe
sp. Trois ans d’attente pour trouver
enfin un nom à cette espèce. C’est le lendemain que nous en faisons plusieurs
clichés, papiers et diapositives. Après avoir jeté un coup d’œil attentif
alentours, afin de déceler les plus beaux individus à prendre en photo, nous
faisons le tour des plates bandes et dénichons Gymnopus
impudicus que nous avions vu avec Paul la veille. A ce propos, la première
fois que j’avais vu Gymnopus impudicus
(pour combien de temps encore ?), alors Collybia impudicus, c’était dans l’arrière dune stabilisée de
Vieux-Boucau (40), sur tapis d’aiguille et sous Pinus pinaster. A quelques centimètres de là, une espèce cespiteuse, à reflets pourpre vineux se dresse devant moi. Juste à côté, des individus plus âgés, vieillissants et déjà en piteux état gisent au sol, dans le tapis d’écorces de pins. C’est en fait ces derniers qui me font penser à une récolte dans les Landes à Mont de Marsan, faite avec Michel PESTEL président de la SOMYLA. En effet, en juillet 1999, lors de mon séjour sous des latitudes plus clémentes, je découvris ce que nous identifiâmes comme étant Gymnopus luxurians. Elles étaient en fait dans le même état très avancé, d’où d’ailleurs quelques réticences pour cette détermination. Je n’avais donc aucun souvenir de spécimens bien frais. Je me suis donc immédiatement rendu au domicile de Paul, tout proche, pour montrer ma récolte. Différents noms tombèrent alors, à première vue : Rhodocollybia filamentosus, R. rufovinosa (qui était d’ailleurs avant synonyme du précédent) J’évoquai alors G. luxurians. Paul me répondit pourquoi pas ! Nous nous séparâmes en nous promettant de nous téléphoner pour nos conclusions. Je l’ai donc « travaillé » le soir même et mes conclusions tombèrent : C’est Gymonopus luxurians. J’ai adressé un courrier à Paul lui écrivant : pour G luxurians je suis sûr à 99%. Une réponse se fit tout aussi rapide. Pour G. luxurians c’est du 100%. Il s’agirait donc d’une première récolte pour notre région, voire pour l’EST de la France (latitude au dessus de la Loire). Si j’en crois les différentes publications il s’agirait de la cinquième récolte française (En fait la sixième, puisque notre récolte de Mont de Marsan n’a pas été publiée). Dans un E-mail émanant du forum Inventaire-myco, Pascal HERIVEAU le 9.5.99, note une première récolte bretonne. (4° récolte française (connue)). Je note au passage, que A. Pericouche et R. Durand,
notent la présence de G. impudicus,
avec leur récolte de G. luxiurians. Bull. Soc. Mycol. Fr.
115(1). P 51-56. 1999. J’ai personnellement déjà eu dans les mains G. filamentosa – Récolte 1998 au bas du Col du Haut du Bois à LA SALLE 88 et à SCHIRMECK 68 (Leg. ? lors de l’expo 99). Si ce n’était pas l’habitat particulier et le fait que cette espèce soit cespiteuse, sur le vif, on s’oriente effectivement vers ces deux espèces, auxquelles elle ressemble franchement. L’espèce est issue d’un mycélium blanc assez dense, lié aux écorces avec un peu de terre. A ce propos, notons que Claude LEJEUNE, rendant
visite à Paul, l’a immédiatement reconnue, la connaissant des Landes (lui
aussi).
Description : Chapeau 40-80 mm, conico-campanulé dans la jeunesse, puis vite convexe à plan, avec ou sans mamelon, à marge fortement flexueuse, avec des bords très incurvés et d’autre très récurvés, sur tout le pourtour du chapeau. Surface piléique fibrilleuse, à fibrilles radiales très foncées et apprimées radialement. Dans la jeunesse, couleur de rufovinosa, vineuse à pourpre, puis brun bai plus ou moins rougeâtre vineux, puis cuir foncé dans l’âge pour devenir enfin sombre, surtout à partir du disque. Lames serrées, crème pâle, puis ochracées par dessiccation et dans l’âge, arête fimbriée sur les jeunes exemplaires. Stipe 50-80 x 5-11 mm, fibrillo-strié, cortiqué, très torsadé (rappelant C. distorta), souvent comprimé, pubescent de blanc, surtout dans les stries des torsades, subconcolore au chapeau, à variations identiques suivant l’âge des individus. Base blanche de laquelle part un mycélium blanc et abondant. Chair blanchâtre dans le chapeau, plus beige dans le stipe, inodore, de saveur légèrement astringente, sans réaction chimique particulière. Spores elliptiques, sublarmiformes, hyalines, 6,5-8,5 (9) x 4,5-5,5 µm, non amyloïdes. Basides tétrasporiques étroitement clavées, 25-30x6-7 µm. Cheilocystides rares (ou absentes), lagéniformes ou lobées, +/- diverticulées. Revêtement pilléique filamenteux, formé d’hyphes couchées, +/- parallèles, à pigment pariétal brun et d’hyphes redressées. Habitat Sur paillis d’écorces de pinus sp. (P. pinaster ?), le 22 août 2000 à SUNDHOFFEN (Haut-Rhin), jardin de ville, maille 3719B11. Exsiccata 00081593 in herbier LAURENT P. Bibliographie : ANTONIN, V., NOORDELOOS, M., 1995, A monograph of
Marasmius, Collybia and related genera in Europa, Libri botanici vol. 17 |
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