Récoltes intéressantes ou nouvelles du
2ème semestre 1999
par Paul HERTZOG
Gerhardtia piperata (A. H. Smith) Bon
Une deuxième station de cette espèce a été découverte
dans le Ried d’Ohnenheim. A première vue son allure générale et sa
croissance en cercle évoquent évidemment le Tricholome de la St Georges (cf.
bulletin n° 71) ou, mieux encore, quelque Lepista irina un peu
malodorant dont les lames sinuées et un peu colorées forcent encore la
ressemblance. Nous avons noté sur cette récolte 99, plus abondante et plus
fraîche que celle de l’an passé, une relative fragilité du stipe
légèrement strié portant de petites guttules grisâtres chez les jeunes.
Peut-être moins rare qu’on ne le pensait. A suivre…
Lepiota rufipes Morgan
M. BON (cf. Hors Série n° 3) a classé cette petite
lépiote dans le sous-genre Paralepiotula qui renferme des espèces
petites à cuticule hymenodermique et à petites spores elliptiques.
Sur le terrain on pense à Lepiota hymenoderma très
répandu dans ces forêts riediennes. Toutefois, Lepiota rufipes
apparaît plus tôt, dans les tons ocre rosâtre, et son stipe porte un anneau
ténu. (Le stipe peut être nuancé de rougeâtre chez les deux taxons.)
Cetto (tome 6 planche 2163) en donne une représentation
fidèle.
Ried d’Ohnenheim, en bordure de forêt, le 2/9/99.
Nouveau pour la région.
Lepiota cortinarius Lge
Le chapeau tout blond doré couvert de squames fines peu
contrastées évoquait quelque Echinoderma ayant perdu ses verrues
pyramidales. Ce genre étant bien représenté dans ces forêts, des confusions
sont faciles. Nous pensons particulièrement à Echinoderma friesii dont
la taille, l’aspect général, la sporée même, sont superposables à ceux de
Lepiota cortinarius. Seul l’examen microscopique de la cuticule permet
une distinction sûre.
Ried d’Ohnenheim. 1/9/99 et 2/10/99.
Echinoderma acutisquamosum (Weinm.) Bon ss. str.
Cette lépiote de taille moyenne à lames serrées et non
fourchues est proche de Echinoderma perplexum. Nous avons noté les
caractères différentiels indiqués par BON :
squames discales nettement contrastées
stipe plus élancé
odeur forte
spores dépassant 7µ
caractères qui séparent acutisquamosum de perplexum.
Rappelons que E. asperum (= L. acutesquamosa var.
furcata) qui ressemble également à notre espèce, a les lames fourchues.
12/11/99. Vallon d’Aspach sur la route de Munster.
Leccinum aerugineum (Fr.) Lannoy-Estades
C’est un bolet rude de taille moyenne dont le chapeau
blanchâtre se teinte de bleu verdâtre et qui est souvent confondu avec L.
holopus à chapeau sans vert, et L. cyanobasileucum chez qui les
traces bleu-vert se limitent à la base du stipe.
Tourbières du Rotried. Sous betula avec sphaignes.
Leg. D. Doll. 9/9/99
Tricholomopsis flammula Métr.
C’est le plus petit et probablement le plus rare des Tricholomopsis.
Le chapeau inférieur à 1 cm apparaissait tout hérissé de squamules
purpurines sur fond jaune, sous la loupe.
Dans une haie d’épicéas plantée dans la forêt du
Neunland (Colmar) sur brindilles pourrissantes. 29/9/99.
Clitocybe gibba fo. ad. splendoides Bon
On ne se lassait pas de regarder ce « magnifique gibba ».
Son chapeau très flexueux-lobbé atteignait 8 cm de diamètre. Ses teintes d’un
beau rose ocré, surtout périphériques, ont mis plusieurs jours à s’estomper.
Les lames et le stipe étaient blancs et l’odeur typique.
Chaume du Petit Ballon. Leg . D. Doll. 3/10/99.
Entoloma fuscotomentosum F.H. Moeller
Peu de chose sépare cette espèce de E. jubatum qui
nous est connu des hauts pâturages vosgiens. Chapeau légèrement papillé,
lamelles moins foncées et stries caulinaires argentées caractérisent E.
fuscotomentosum contre un chapeau largement umboné et stipe orné de
fibrilles brun grisâtre pour E. jubatum. Les différences microscopique
sont subtiles.
Petit Ballon, dans l’herbe. Leg. D. Doll. 4/10/99.
Nouveau pour la région.
Cystoderma superbum Huijsm.
Même si elle n’est pas nouvelle pour la région, cette
rare espèce, originale par ses teintes pourpre-vineux, méritait d’être
signalée.
Zinnkoepflé. Leg. D. Doll. 18/10/99.
Cortinarius lanatus (Mos.) Mos.
Classé par Moser dans la section Helvelloidei
(petites espèces à voile brun ou jaune).
C’est un champignon remarquable par son stipe ceinturé de
zones brun jaunâtre. Les chapeaux gris soyeux rappelaient vaguement quelque Anomali.
Schauenberg, Pfaffenheim. Dans la hêtraie-sapinière.
12/10/99.
Nouveau pour la région.
Melanoleuca cinereifolia (Bon) Bon
Moins robuste que dans la description de Bon, ce Melanoleuca
se caractérise par ses lames grises et ses cystides lagéniformes.
Berge du Grand Canal d’Alsace. Vogelgrun le 8/11/99.
Espèce connue des littoraux sableux et peut-être importée
dans la région par quelque marinier venant des pays des dunes ? (véhiculation
des spores le long des voies de communication…)
Melanoleuca albifolia Boekn.
Les lamelles blanches contrastent avec le chapeau et le stipe
sombres de cette espèce plutôt collybioïde.
Berge du grand canal d’Alsace. Vogelgrun le 8/11/99.
Le même jour, et sur les mêmes berges, plusieurs taxons
intéressants ont pu être inventoriés : Hygrocybe subpapillata,
Hygrocybe riparia var. conicopalustris, Cuphophyllus
ochraceopallidus, Omphalia pyxidata… et Chamaemyces
fracidus échappé sans doute de la forêt rhénane toute proche.
Souvent, en fin de saison, ces stations en éboulis caillouteux recèlent
maintes spécialités mycologiques.
Nous terminerons par une incursion rapide en zone humide d’altitude.
Situés de part et d’autre de la route des crêtes, exposés à toutes les
intempéries, inhospitalières, quelquefois hostiles, ces milieux attirent… le
mycophile.
Russula consobrina (Fr. :Fr.) Fr.
Un individu isolé poussait sur… un rocher moussu !
Très rare dans la région, ce champignon nous est familier
de la tourbière de Lispach où il semble bien implanté.
Dans une saulaie fangeuse, avec épicéas, à 1200 m. d’altitude.
Gazon du Faing. 5/8/99.
Signalé également au Rotried par M. Wilhelm.
Russula subrubens (Lange) Bon
Assez grosse russule de la section Viridantes qui
frappe par ses couleurs rouge purpurin, et qui vient dans les stations fangeuses
(ici sous saules et bouleaux).
A noter un stipe blanc sur une récolte et un stipe touché
de rose sur une deuxième récolte dans la même station.
Gazon du Faing. 5/8/99 et 8/8/99.
Nouveau pour la région.
Entoloma turbidum (Fr. :Fr.) Quél.
Notre récolte est assez conforme à la description parue
dans le bulletin SMF (tome CXV fasc. 2-1999).
Elle s’en écarte un peu par des stipes certes atténués
mais particulièrement radicants, et par un goût vaguement farineux.
Sous épicéas. Gazon du Faing. 8/8/99.
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