Rencontres... à Luxeuil-les-Bains
par Paul HERTZOG
Vers la mi-octobre, au moment où ces lignes étaient arrêtées, la
saison 99 restait en retrait par rapport au crû 98, exceptionnel ! Pourtant,
certains signes laissaient pressentir une arrière-saison mycologique prometteuse
(Nous aurons peut-être loccasion dy revenir).
Après une belle poussée printanière, le cycle mycologique sest
trouvé quelque peu perturbé par les pluies précoces du mois daoût, suivies
dune sécheresse implacable. Alors, septembre et début octobre ont laissé un petit
goût amer, aux organisateurs d'expositions notamment, et les Rencontres SMS à Luxeuil
ont tout naturellement souffert d'une certaine pénurie de champignons. Mais les
mycologues sont gens de ressources
Le lecteur intéressé pourra se procurer la liste complète des
espèces récoltées lors de ces journées auprès de Roland , Dominique ou Bernard.
Pour notre part nous nous bornerons à en donner quelques aperçus intéressants.
Les Russules
Les mycorrhiziques étaient rares, mais les forêts riveraines du
« pays des mille étangs » ont daigné nous livrer quelques uns de leurs
secrets.
Russula barlae var. pseudomelliolens Sing. ex Bon
Espèce de la sous-section Xerampelinae Sing. appartenant à la stirpe graveolens,
à teintes relativement vives (roses, cuivrées
) venant sous feuillus hygrophiles.
Russula elaeodes (Bres.)Romagn. ex Bon
Appartenant à la même section que le précédent mais aux couleurs vertes, centrale sur
notre récolte. Extérieur subtilement lilacin. Même habitat que ci-dessus.
Russula lilacea Quel. s.l.
Est surtout apparu vers la fin du stage et sest montré sous des déguisements
divers.
A noter une forme ( ?) qui ressemblait étrangement à Russula sphagnophila et
une collection importante le long dune petite route forestière, avec, en prime, Russula
artesiana Bon, la « viscida des feuillus planitaires ».
Les Ramicola (= Simocybe)
Petits champignons collybioïdes à sporée brune venant sur bois
ou débris végétaux.
Nous avons eu la chance de voir réunis 3 taxons du genre en lespace de quelques
jours.
Ramicola centunculus (Fr.) Watl.
Chapeau de 2 cm, brun olivâtre. Stipe central, bien constitué.
Ramicola haustellaris (Fr. :Fr.) Kühn.-Romagn.
Un peu plus petit, plus pâle. Stipe blanchâtre, excentrique.
Ramicola obscura (Romagn.) Watl.
Caractérisé par ses teintes sombres, ses petites spores et ses cheilocystides plus ou
moins lagéniformes.
Les 2 premiers sont également connus dans les départements de lEst. Quant au 3ème
il fera sa rentrée dans le fichier SMS.
Notons encore deux champignons naucorioïdes récoltés dans les
stations humides :
Alnicola bohemica Vel. Et
Flammulaster ferrugineus (Mre. ex Kühn.) Watl.
Les Hébélomes
Hebeloma birrum Fr.
Hebelome cortiné à stipe fusoïde-radicant. Cortine très nette, plutôt fibrilleuse,
laissant des traces subfloconneuses sur le stipe. Odeur non raphanoïde. Spores 9-11 µ
sur 5-6 µ.
Espèce rencontrée à 2-3 reprises au cours de la présente saison.
Deux Hébélomes du groupe sacchariolens ont été également
inventoriés lors de ces rencontres .
Hebeloma fusisporum Gröger-Zschies.
Bien reconnaissable à ses spores subfusiformes (plus amygdaliformes chez les autres
taxons du groupe), son revêtement pâle, sec, et son habitat hygrophile.
Hebeloma pallidoluctuosum Gröger-Zschies. (=
latifolium)
Caractérisé par son chapeau pâle, ses lamelles anormalement larges et son habitat sous
feuillus non particulièrement hygrophiles.
Pourquoi na-t-on conservé lépithète latifolium bien plus
évocatrice ?
Le groupe sacchariolens compte quelques autres espèces
que nous évoquerons brièvement.
Hebeloma tomentosum (Mos.) Gröger-Zschies.
Chapeau tomenteux à légèrement subsquamuleux. Couleur ocre. Alluvions, sols
hygrophiles.
Hebeloma sacchariolens Quel.
Chef de file du groupe. Chapeau plus ou moins visqueux, surtout discolore. Forêts acides
à neutrophiles.
Hebeloma fusipes Bres.
Chapeau pâle, glabre. Stipe radicant. Odeur plus faible. Très hygrophile.
Hebeloma gigaspermum Gröger-Zsches.
Chapeau brun sale, plutôt sec. Spores jusquà 17 µ. Dans les marais.
Le n° 130 du bulletin Trimestriel Dauphiné-Savoie présente un
tableau comparatif des différentes espèces de ce groupe.
Divers
Tricholoma umbonatum (Lange) ex Clmç.-Bon
Peut évoquer tour à tour :
un Tricholoma columbetta envahi de brunâtre olivâtre au
mamelon très prohéminent
un Tricholoma sejunctum mamelonné, sans jaune
un Tricholoma portentosum très pâle, sans lodeur farineuse
Odeur faible, vers T. album
Saveur pas très agréable.
Basides bouclées (M. Bon)
Remarque : Les Tricholoma columbetta malodorants (odeur
terreuse) récoltés autour de Luxeuil et lors des Journées de Lucelle, il y a quelques
années, sont peut-être à rapprocher des formes blanches de Tricholoma umbonatum
Pholiotina aeruginosa (Romagn.) Mos.
Cette rare espèce au chapeau bleu-vert était rangée dans les Conocybe par Romagnesi.
Elle se décolore en ocracé fauvâtre par la marge puis par le mamelon. Le stipe blanc et
fibrillo-soyeux est parfois bulbilleux à la base .
Elle a déjà été présentée lors dune exposition à Brumath et Courtecuisse
la trouvée dans lîle de Rhinau .
Un exemplaire découvert par Patrick Laurent dans une forêt de feuillus humide.
A signaler enfin, parmi les apports extérieurs, deux porés
spectaculaires :
Auriporia aurulenta David, Tortic, Jelic
aux couleurs vives jaune orangé, et à odeur dabricot sur le frais, apporté par
Jean-Paul Maurice de retour des Journées Européennes du Cortinaire en Suisse.
Olygoporus placentus (Fr.) Gilb. & Ryv.
Aux pores rose saumoné. Cette espèce nétait pas à proprement parler un apport
extérieur puisque cest un membre de la Société mycologique de Luxeuil qui
lavait récoltée dans son jardin à Fontaine-les-Luxeuil. Elle devait voyager par
la suite, par lintermédiaire de Bernard Crozes, jusquau Congrès de la
Société Mycologique de France à La Chaise-Dieu où elle a été exposée toute la
semaine.
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